Page:Filleul - Achille, 1563.pdf/9

Cette page n’a pas encore été corrigée
5
D’ACHILLE.

Mais ce monde tout plain de malheur & de l’heur
Prodigue aus uns forbien, ams autres ſon malheur,
Aus indignes ſon bien, ans plus fors la miferei
Ce qui feroit nommer maratre non pas mere
La nature n’estoit que mere ne veult pas
Sous un muable bien lier les ſiens cy bas,
Muable & qui pluftoft eſt une perte & peine,
D’autant que la veriu ſous la fortune il gene
Orpuis que son malheur non plus tien que le mien,
Pour viure encor ci bas recelle encor ton bien,
Efcoute le fouci qui pour toi m’empoinconne
(Carle mal des viuans les ombres paßionne)
Eſcoure, les deſtins les bons deſtins amis
Achille fon Petrocle en oubli ilz n’ont mis,
Ne voulant pas permetre aux Parques & deioindre
Cens qu’enſemble on a veu de tous priſer & craindre :
Mais d’une heureuſe mort toue l’homme ne meurt pas
Ains la meilleure part refte apres le trešpas,
Elle reſte cybas a lheureuſe perſonne
Apres l’heureux depart nom de Dieuelle donne :
Car l’honneur qu’on recoit en ce monde n’eftrien,
Aupourpre de la Roſe un tour ſemblable bien.
Ou l’heureuſe vertu de chacun eſt louee
Mais au triſte malheur de tous deſauouee.

Achille

Bien que le triſte dueil engraue ſus mon cheur
Es de toy, & de moy ſe foit fait le vaincueur
Et le regret que iay face que je deffie
Aillé de la fureur, l’uſufruict de ma vie
Encor n’eſtce pas tout il ſe faut bien venger Achille.