Page:Filion - Amour moderne, 1939.djvu/99

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 97 —

— Yvonne, sauriez-vous garder un secret si je vous en livrais un, bien, bien grand ?

Elle appuya volontairement sur les dernières paroles.

— Ma petite demoiselle, vous le savez bien que je me ferais hacher plutôt que de livrer les secrets de mes maîtres.

— C’est vrai, Yvonne, je sais que nous avons raison d’avoir confiance en toi, et c’est pourquoi je suis venue te trouver. Voici ce dont il s’agit : Tu as bien compris que l’indisposition subite de ma mère avait une cause, une cause de toi ignorée, mais qui était la suite de la visite du notaire ; écoute bien : nous sommes ruinées.

Yvonne la regardait ébahie et ne semblait pas beaucoup comprendre. Elle continua d’expliquer :

— Nous n’aurons plus autant d’argent à dépenser.

Yvonne s’exclama :

— Et vous avez pensé à me remercier ! Vous savez bien que je ne puis abandonner ma maîtresse, et vous laisser, vous, faire toutes sortes de besognes.

— Il ne s’agit pas encore de cela. Yvonne, il s’agit d’abord de diminuer les dépenses de tout ce qui n’est pas absolument nécessaire, tu entends bien, absolument nécessaire. Ensuite, de ne rien refuser à maman, et finalement, je te demanderai probablement quelque délai pour te payer tes gages.

La bonne sourit, toute sa crainte s’était enfuie, comme la rosée sous les premiers rayons du soleil.

— Vous pouvez compter sur moi, ma petite demoiselle, Madame ne manquera de rien. Vous attendre pour les gages, ce n’est pas la question, vous m’avez tant donné quand vous étiez dans l’abondance, je veux bien vous servir pour rien jusqu’à ce que vous ayez refait votre fortune.

Il ne pouvait venir à l’esprit de cette bonne et simple fille que tout leur argent était fondu en une seule fois, et ne reviendrait plus.

Pierrette dit :