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CHAPITRE DEUXIÈME

L’INCONNU


Ce soir la visite attendue arrive. Pierrette s’est rendue à la Gare Union, cinq minutes avant l’arrivée du train de Montréal qui entre à 9 heures 30. Elle porte un costume tailleur gris foncé, un renard argenté, une petite blouse de crêpe blanc dont le jabot vient paraître par l’ouverture du manteau. Ses grands yeux noirs si vifs brillent, il y monte des gouttes de rosée, mais elle ne pleure pas, elle rit. Le cousin descend du wagon, embrasse sa cousine et présente Guy de Morais.

Pierrette avance la main et dit souriante :

— Bonsoir, Monsieur.

— Ma tante n’est pas venue ? questionne-t-elle s’adressant à son parent.

— Non, maman était trop fatiguée pour entreprendre ce long voyage en chemin de fer.

Benoît, originaire des États-Unis, parle la langue française avec un fort accent étranger.

— Viens avec nous, dit-il à Guy de Morais, j’irai tout à l’heure te conduire à l’hôtel.

Celui-ci accepte l’invitation avec empressement, et ne peut cacher l’admiration qu’il éprouve pour cette Pierrette moderne et gentille. Il a jeté un coup d’œil à ses mains menues, sous la lumière crue des ampoules électriques les diamants étincellent : engagée, se dit-il ; inutile d’y songer, je ne pourrai que m’amuser en sa compagnie durant mon séjour à Québec. Il est pourtant certain que je rechercherai toutes les occasions de la voir.

Elle les arrête devant la porte de la maison et dit :

— À tout à l’heure.