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force de réagir. Ce soir, pourtant, elle ressent profondément tout ce qu’il y a de faux dans la situation qu’elle s’est créée. Elle trace deux lignes sur une carte :

« Joyeux Noël ! Merci ! Maman se joint à moi pour te présenter ses souhaits. »

« Pierrette. »


Elle avait mis tant de temps à tourner et à retourner ses pensées qu’elle n’était pas prête quand M. de Morais arriva en habit noir, fleur à la boutonnière. Elle dépêcha sa mère au salon :

— J’en ai encore pour un bon quart d’heure.

Dans sa précipitation, elle avait laissé la dépêche de Charlie et son enveloppe adressée en vue dans le corridor. Elle entendit les pas de sa mère et de Guy de Morais dans cette direction. Elle eut l’intuition qu’elle avait été imprudente, mais n’en continua pas moins ses préparatifs. Trop d’empressement ne pouvait qu’embrouiller davantage la situation. Peut-être ne remarquerait-il pas ces deux pièces à conviction.

Elle haussa les épaules. Que de tracas pour rien ! Qu’était devenue sa vie si limpide, si simple que tout le monde y pouvait lire ? Elle ne put s’empêcher d’avoir une pensée de regret pour ce temps qui lui paraissait si loin.

Quand elle se présenta, elle était ravissante dans une vaporeuse toilette de crêpe georgette blanc ; elle avait attaché le collier de perles à son cou, et portait le bandeau de diamants à la main.

Guy de Morais se leva pour lui souhaiter le bonsoir, elle lui tendit la parure en le priant de la placer lui-même dans sa chevelure. Elle était d’une taille assez élevée, il n’eut qu’à se rapprocher un peu. Tandis qu’elle était si près de lui, et que Madame des Orties s’était absentée quelques minutes sous le prétexte d’ordres à donner à Yvonne concernant le réveillon, il lui demanda sans préambule :