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rais. Il l’aida à disposer les boules multicolores, et les menus objets de la décoration. Elle le remercia chaleureusement du superbe cadeau qu’il lui avait envoyé cet avant-midi. Il regardait avidement les divers objets qu’elle accrochait, et qu’il supposait être des cadeaux, et n’osa la questionner sur la provenance d’aucun. Il remarqua le collier de perles, et aussitôt son esprit s’envola vers Charlie, comme Pierrette ne prononçait jamais ce nom devant lui, pourquoi risquer de lui déplaire en parlant de l’absent.

Il partit vers cinq heures en lui rappelant qu’il viendrait la rencontrer un peu avant la messe de minuit.

Au souper, elle s’informa si sa mère désirait se reposer avant l’office de la nuit, ne parut pas du tout désappointée de l’intention de celle-ci de se retirer vers huit heures pour lui revenir à onze.

— Que feras-tu de ce temps ? chérie, n’en profiteras-tu pas pour en faire autant ?

— Non maman, il est bien tard pour remercier Charlie, je ne lui ai pas écrit depuis la réception de son cadeau, j’ignorais qu’il fut aussi dispendieux, il est vrai : de plus, depuis que je suis très bien je ne lui ai adressé que deux mots sur une carte : « Je vais bien, je t’écrirai plus tard ». Il doit mettre sur le compte de mes nombreuses sorties et réceptions mon retard impardonnable. Ce soir, en attendant l’heure de la messe, je veux lui écrire longuement.

Madame des Orties embrassa sa fille, et se retira dans son appartement.

Pierrette restée seule, s’installa dans le boudoir. Elle se dirigea vers un petit secrétaire qui occupait l’un des angles de la pièce, elle l’ouvrit, prit du papier, une plume-réservoir ; elle avait l’intention de tracer des mots, d’énoncer des pensées, sa plume décrivait des arabesques sur la feuille de papier blanc. Bientôt elle mit la tête dans ses deux mains. Elle n’entendit pas Yvonne qui s’approchait. Lui tendant une enveloppe jaune elle dit :

— Mademoiselle, un télégramme.