Pierrette ne parlait pas de s’éloigner. Elle allait et venait dans la chambre, dérangeant ici un objet, s’emparant d’un bibelot, elle le regardait attentivement comme si elle ne l’eût jamais vu. Sa mère comprit qu’elle désirait lui parler mais qu’elle ne trouvait ni la force ni les paroles pour lui dire des choses difficiles, des choses sur la portée desquelles elles ne s’entendraient pas.
— Approche, chérie, que j’admire ce cadeau princier.
Pierrette renvoya en arrière le rucher de dentelle écrue qui fermait son peignoir au cou, et sa mère put admirer sur la peau brune et lisse les perles laiteuses.
Yvonne frappa et mit fin trop tôt à leur tête à tête.
— Un paquet à votre adresse, Mademoiselle.
Pierrette tendit la main par la porte entr’ouverte.
Elle dénoua la ficelle. Elle tenait entre ses doigts une boîte de satin blanc, longue et plutôt mince. Il lui en coûtait de l’ouvrir, enfin elle s’y décida, et vit briller des diamants. C’était une parure de cheveux. La carte avait glissé sur le tapis, elle se pencha pour la ramasser, elle était de Guy de Morais. Il lui présentait ses meilleurs vœux, et lui rappelait le bal au Château Frontenac auquel ils devaient assister tous deux, quelques jours plus tard. Madame des Orties s’était d’abord opposée à cette sortie et finalement avait cédé : il craignait qu’à la dernière minute, elle aille se raviser et retirer sa permission.
Elle le montra une minute à sa mère, et s’enfuît dans sa chambre, prétextant qu’elle avait juste le temps de se préparer pour l’heure du dîner. L’horloge venait de tinter lentement onze heures.
Elle se vêtit d’une robe rouge feu. Toute son après-midi devait être employée à décorer l’arbre de Noël.
Sa mère fut surprise de lui trouver un air préoccupé. Elle s’attendait à la voir joyeuse.
Elle venait d’installer des lumières électriques dans l’arbre de Noël quand Yvonne introduisit M. de Mo-