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— Bien sûr qu’il n’y a pas de carte, il était là dedans, et elle montrait l’arbre de Noël.

— Comment ! s’exclame Pierrette ahurie. Il y est resté tout ce temps. Aussi qui aurait cru y trouver des perles ?

Yvonne ignorait de qui venait l’arbre, et par le fait même le collier ; maintenant elle aurait bien désiré le savoir, mais elle n’osait pas interroger la petite demoiselle. Un jour ou l’autre, elle le lui dirait.

Pierrette s’élança vers la chambre de sa mère, et lui fit soupeser, évaluer le collier : elle s’agenouilla à ses pieds :

— Attachez-le vous-même à mon cou afin qu’il me porte chance : vous savez maman, ces belles pierres portent malheur.

— Ne crois pas cela, chérie, c’est une superstition. Notre destinée est en la main de Dieu qui n’a pas fait les pierres précieuses les unes plus que les autres chargées de vertus malfaisantes.

Elle allait se retirer quand sa mère l’interrogea :

— Qui te les a données, ces perles ?

— Devinez, maman, devinez.

Elle revint sur ses pas, taquine.

Un nom lui brûlait les lèvres, mais elle n’osait le prononcer. Il y avait si longtemps que Pierrette n’avait parlé de son fiancé, qu’elle était bien tentée de l’appeler son ex-fiancé.

Elle restait là sans parole, regardant sa fille avec insistance.

Cette tête brune volontaire, espiègle, lui avait toujours semblé une énigme. Elle ne comprenait rien à ce que cette éducation moderne avait fait de son enfant.

Pierrette vint s’asseoir près de sa mère sur un pouffe ; elle mit dans le creux de sa main le collier superbe et levant son regard indéchiffrable, elle articula lentement :

— Il était dans l’arbre de Noël envoyé par Charlie, l’autre jour. Je ne l’ai pas encore remercié, j’ignorais qu’il fût là, c’est Yvonne qui vient de le découvrir.