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tures, tu peux en être certaine, c’est une bouteille de bière ».

Pierrette était scandalisée.

Ses mains restées longues et minces depuis sa récente maladie, étaient étendues sur la nappe en un geste de lassitude. Les yeux dans le vague, elle revivait sa visite chez ces pauvres et son cœur était rempli d’amertume. Quelle affreuse misère ! Et pour les enfants, quels désastreux exemples. Le timbre de la porte résonne et Yvonne se présente à la salle à manger chargée d’un énorme paquet.

— Pour vous, Mademoiselle, dit-elle, en le déposant aux pieds de la jeune fille.

— Portez dans ma chambre, s’il vous plaît, Yvonne, après le dîner nous verrons ce que c’est.

La bonne se torturait la tête. Que pouvait-on envoyer à Mademoiselle de si volumineux ?

Après le repas, la jeune fille entraîna sa mère, il faut voir, maman, ce que c’est, et de qui cela vient.

Elle fit le tour du colis, avant d’en trouver le lieu de provenance, elle avait reconnu l’écriture de Charlie. Elle prit une paire de ciseaux et se mit à couper les cordes. À son grand étonnement, elle se vit en présence d’un arbre de Noël.

— Quelle idée ! s’exclama-t-elle, en se tournant vers sa mère, sa physionomie exprimait la surprise et le désappointement. Un arbre de Noël ! Mais il est si facile de s’en procurer un. Quelle folie de me l’envoyer de si loin !

Pierrette appelle Yvonne et lui demande :

— Placez-le au froid, s’il vous plaît, nous l’installerons la veille de la fête seulement.

Aussitôt elle prit sa place dans la chaise longue du boudoir. Sa santé demandait encore des ménagements. Elle s’assoupit et vit en rêve un autre arbre comme jamais elle n’en avait vu, et, pendant aux branches, un superbe collier de diamants. Elle s’éveille et sourit.

À moins que M. de Morais ne m’apporte une parure semblable, je suis certaine de n’en pas avoir cette