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que fois qu’elle faisait des courses, elle pensait à ses protégés.

Aujourd’hui, elle rapportait pour la malade qui commençait à se lever un chaud lainage. En arrivant elle trouva deux lettres qui lui firent oublier son achat. L’une était de Charlie, l’autre de Guy de Morais. Celui-ci annonçait qu’il ferait un voyage à Québec pendant le temps des fêtes. À l’annonce de cette nouvelle, Pierrette se demandait si elle devait se réjouir, peut-être l’aiderait-il à oublier.

Elle parla de sortir l’auto dont elle ne s’était pas servie depuis son retour à la santé. Elle prit la clef et se rendit au garage. L’automobile avait été réparée, et de l’accident il ne restait aucune trace.

Toute cette après-midi elle pensa à Charlie et à l’accident qui avait marqué son retour.

Au souper, elle annonça la visite de Guy de Morais à sa mère.

— Que te disait Charlie ? lui fut-il demandé en réponse.

— Rien de nouveau, je ne serais pas surprise qu’il me fasse à l’occasion du Jour de l’An un cadeau appréciable, il dit justement : « Puisque je ne puis aller à Québec, ma Pierrette chérie, je te ferai porter quelque chose qui te rappellera ma plus affectueuse et constante pensée. »

Puis Pierrette songeant tout à coup à son emplette de l’avant-midi s’écria :

— Tiens, maman, j’oubliais de te dire que j’ai acheté pour notre protégée un gilet de laine très chaud, à des conditions exceptionnelles. Elle courut à sa chambre, et en rapporta un gilet bleu foncé, orné de petites raies blanches, et d’une qualité supérieure.

— Tu as eu une bonne idée, ma chérie, dit sa mère, cet article sera très bienvenu. Il est pratique, elle pourra s’en servir quand elle sera mieux, pour mettre sous son manteau les jours de travail. Après une journée de nettoyage, ces pauvres femmes sont frileuses, et c’est ainsi qu’elles prennent froid.