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eût fait horreur. Elle regarde autour d’elle, des hommes vêtus de blouses blanches, des flocons alignés dans des montres, elle ne peut rien s’expliquer, la lumière ne se fait pas encore dans son esprit, elle ne se rappelle pas l’accident. Presqu’aussitôt elle referme les yeux sans les avoir reportés vers son fiancé qui guette anxieusement ce regard.

Le médecin arrive. Il ausculte, tâte le pouls, réussit à lui faire reprendre connaissance durant quelques secondes ; il l’interroge afin de savoir si elle ressent du mal. Trop fortement ébranlée par la secousse, la douleur n’est pas localisée, elle ne saurait dire. Le médecin s’enquiert :

— Quelqu’un connaît-il cette jeune fille ? Faut-il la faire transporter à l’hôpital ?

À ce mot d’hôpital Charlie sort de sa torpeur, et se rapprochant vivement :

— Ah ! non, pas cela ! pas à l’hôpital !

— Est-ce votre sœur, Monsieur, interroge le praticien ?

— Non, docteur.

— Alors de quel droit décidez-vous qu’il ne faut pas la conduire à l’hôpital ?

— Tout d’abord, parce qu’elle est ma fiancée, et ensuite parce que je suis certain que sa mère ne pourrait se décider à voir partir sa fille unique pour l’hôpital.

— C’est bon, c’est bon, dit le médecin. Je dois pourtant vous prévenir qu’elle ne pourrait supporter un autre genre de locomotion : c’est l’ambulance.

— Bien, articule Charlie.

Le médecin prend encore quelques informations. Il veut s’enquérir de l’adresse afin d’envoyer sa note mais Charlie l’a prévenu.

Il met la main à la poche de son habit et sortant un rouleau de billets de banque :

— Combien vous est-il dû, docteur ?

Le médecin s’éloigne vers d’autres malades qui réclament ses soins.