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Puis, c’est la scène de l’église, suivie de l’emprisonnement de Marguerite, et Pierrette, les yeux rivés sur l’artiste, oublie ses compagnons.

Les dernières mesures se font entendre au milieu du froufrou produit par les manteaux qui glissent sur les toilettes claires ou somptueuses, et une à une les recouvrent.

Pierrette s’avance la première et prodigue les saluts et les sourires.


* * * *


Le lendemain, dans l’après-midi, Pierrette reçoit un paquet. Un croquis plus poussé, en plus de la figure, on voyait la courbe des épaules enveloppées d’ombre, elle reconnaît sans effort sa robe de la veille. Dans un écrin, un magnifique collier d’améthystes, pierre de naissance de la jeune fille, accompagnait le croquis. Un billet parfumé s’échappa, Pierrette lut : « Ne m’en voulez pas, il m’était impossible de ne pas vous remercier d’une manière tangible. Maintenant, ne soyez pas méchante, montrez-vous bonne reine à l’égard de votre humble sujet, et gardez-moi le petit papier promis ».

Pierrette se demande si elle doit se fâcher : « Imbécile », finit-elle par dire, il sait bien que je suis fiancée, c’était à lui de garder son cadeau.

Elle le plaça bien en évidence sur la petite table du salon, dans le coin de lumière rose, où elle se réfugiait toujours.

Revenue dans sa chambre, elle se mit à lire une lettre de Charlie que la bonne venait de lui apporter.

Les phrases étaient courtes, dénuées de tout ornement. Si Charlie voulait dire à sa fiancée qu’il faisait beau, que la nature dans sa sauvagerie était attirante, il ne faisait pas de littérature ; habitué à tirer des lignes précises, et à mesurer avec justesse, il ne mettait de l’exagération en rien. Le temps se tient au beau. La lune dans son plein éclaire, et sans plus, Pierrette, à son insu, s’était accoutumée aux manières précieuses