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le miroir, les pierres précieuses, M. de Morais se penche à l’oreille de Pierrette et chuchote :

— Vous, Mademoiselle, il n’est même pas possible de vous offrir des bijoux.

Elle le regarde un peu, sans toutefois détacher complètement ses yeux de la scène.

Il ajoute :

— Des bijoux !… Vous en avez tant !…

Elle sourit, d’un sourire jeune qui montre toutes ses dents :

— Les femmes en ont-elles jamais assez ?

— Non, je crois, répond-il encore plus bas ; mais vous avez non seulement des bijoux, vous collectionnez tout, même ce à quoi je tiens le plus.

Elle rougit pour répondre.

— Je n’ai rien pris qui vous appartienne.

Avec quel air narquois, elle le regarde.

— Si fait, l’esquisse d’une certaine demoiselle que j’avais oublié sur le piano après l’avoir fait voir à votre cousin.

Trop franche, elle avoue :

— Oui, je l’ai et la garde puisque c’est ma photographie ; et, faite avec plus d’intelligence qu’en ont jamais déployé les meilleurs photographes.

Il cherche la main de Pierrette, et, la serrant un peu, il supplie :

— Rendez-la moi, si vous saviez comme j’y tiens !… Vous êtes originale, vous savez, inutile de vous le dire, vous êtes assez intelligente pour avoir découvert avant aujourd’hui que vous n’êtes pas du tout quelconque.

Elle a retiré sa main, mais sans précipitations, et lui promet très bas.

— Je consentirai à vous la rendre, à condition que vous m’en fassiez une toute semblable.

— Avec plaisir, Mademoiselle.

Ses yeux brillèrent, tout son contentement passa en un instant sur sa physionomie expressive.