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Charlie voyant qu’il était inutile d’insister, sortit du salon, et Pierrette s’avança elle-même pour le reconduire.

— Adieu, dit-elle d’une voix mouillée, tandis que lui-même, oppressé, défaillant, descendait les degrés sans se retourner et que déjà sa Pierrette adorée avait la main sur le bouton de la porte pour la refermer.

Pierrette rentra au salon et effondrée sur une causeuse, donna libre cours à ses larmes, elles déchargèrent son cœur du poids trop lourd qui l’oppressait. Comme il lui aurait paru bon tout à l’heure, quand Charlie était là, d’appuyer sa tête sur son épaule amie, d’y rester blottie, bercée par son grand amour viril. Comme elle avait dû lutter pour ne pas succomber. Ces larmes ne furent qu’une défaillance passagère, quand sa mère entra ; à part une grande lassitude, il ne restait à Pierrette aucune trace extérieure de son émotion.

La vie reprit pour elles deux son cours régulier.


* * * *


Madame des Orties vient de faire visite à sa fille, elle l’a vue derrière la grille d’un couvent cloîtré.

Guidée par des avis éclairés et par ses réflexions personnelles. Pierrette en est venue à comprendre que l’amour humain ne pourrait jamais la satisfaire.

Elle n’avait pas su répondre à l’amour de Charlie ; un moment elle avait cru trouver un être capable de satisfaire toutes les aspirations de son cœur, et elle avait découvert à sa honte qu’elle avait fait fausse route, parce que chez lui l’intérêt tenait plus de place que l’amour.

Quand Charlie était revenu déjà elle avait compris la futilité de l’amour humain avec ses navrantes désillusions. Elle s’était tournée de toutes les forces de son âme vers la source même de l’Amour.

Dans le cloître, elle a trouvé avec la compagnie de