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CHAPITRE DOUZIÈME

L’AMOUR


Il fait un beau jour d’été, le soleil inonde le salon où Pierrette assise, tricote. Charlie doit venir et la jeune fille ne peut réussir à maîtriser sa nervosité. De temps à autre, elle se lève et regarde à la fenêtre. Si cette conversation était finie, mais non, elle va bientôt commencer, pense-t-elle. Elle désirait une complète solitude et se l’est procurée. Pour plusieurs raisons, elle ne voulait pas que sa mère fût présente. Pourquoi la mêler à ce moment de sa vie, décisif entre tous ? pourquoi la faire inutilement souffrir ? Que cette attente prenne fin au plus vite sans cela elle perdra tous ses moyens de discuter et de raisonner.

Le timbre résonne et Yvonne introduit Charlie. Autant elle était nerveuse durant l’attente, autant elle est sûre d’elle-même maintenant.

Elle offre un siège et va s’installer à l’autre extrémité de la chambre. Ses mouvements sont aussi paisibles, aussi simples qu’ils étaient autrefois quand Charlie fréquentait chez elle régulièrement. Elle ne lui adresse pas la parole et attend qu’il fasse lui-même son entrée en matière. Elle croit savoir ce qu’il désire lui répéter, mais en aiguillant elle-même la conversation, ne risque-t-elle pas d’emmêler les fils encore davantage ?

Avec sa timidité naturelle accrue par le tournant décisif de la situation Charlie se sent complètement aphone. Comment amorcer la conversation ? Comment ne pas être gêné devant cette jeune fille qui semble le regarder comme un juge d’instruction ? Qu’est-il venu faire dans cette maison ? Il se sent ridicule, et