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Le jeune homme voulut profiter de cette rencontre quelque peu fortuite, bien qu’il ne fût allé au court qu’avec l’espérance de l’y rencontrer, et de l’inviter de l’accompagner au théâtre une fois, la semaine suivante.

À peine eut-il formulé son invitation qu’elle accepta :

— Oui. Charlie, je veux bien, mais elle y mit une restriction : Si par hasard mon cousin était à la ville, je me dédirais probablement de cet engagement.

Comme autrefois Charlie souscrivit à tous les caprices de Pierrette. Secrètement elle aurait préféré l’entendre lui répondre brusquement. Lui eût-il fait observer combien elle était exigeante, elle aurait été en droit de son côté de lui faire des remarques.

Aussitôt seul, Charlie se demande s’il ne vaudrait pas mieux ne jamais la revoir. À quoi aboutiraient ces rencontres ? Il n’avait pas attaqué la question qui lui brûlait les lèvres et lui rongeait le cœur, et il jugeait que Pierrette n’était pas encore mûre pour envisager et discuter la situation de sang-froid : elle avait trop dans les oreilles le tintement des « qu’en dira-t-on ».

La semaine suivante, quand arriva le jour de la soirée promise, Pierrette cherche en vain un prétexte pour se dérober. Au souper, elle annonce à sa mère qu’elle va au théâtre avec Charlie. Entre elles pas un mot n’avait encore été échangé au sujet du jeune homme, depuis son retour. La maman attendait que son enfant commençât, et celle-ci tardait volontairement à toucher un sujet de conversation aussi épineux.

— Pierrette, ne crois-tu pas que Charlie va renouveler sa demande en mariage ?

— Il serait bien assez gauche pour le faire.

— Mon enfant, ce serait pour toi une bien belle chose, et pour moi un sujet de tranquillité, ton avenir assuré.

Pierrette ne répondit pas, elle cherchait dans la garde-robe une toilette qui lui convînt : elle ne chan-