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— Non, mon enfant, c’est inutile, je ne trouverai rien de beau. Puis je me fie à ton goût, je ne doute pas que tu as su trouver quelque chose au moins convenable.

— Non seulement convenable, mais confortable, maman. Je suis certaine que vous aimerez votre nouveau logis.

Les jours qui suivirent furent des jours de bouleversement. Pierrette s’efforcait d’être partout : avec Yvonne pour l’aider, avec sa mère afin de la distraire, et de lui faire oublier tout ce qu’il y a de désagréable dans un changement de domicile.

Un après-midi, elle sortit pour des courses urgentes. Pendant son absence, elle fut demandée à l’appareil.

Yvonne court sur ses pas : comme elle entre, se dirigeant vers la chambre de sa mère :

— Mademoiselle ! Mademoiselle ! on vous a demandée au téléphone.

— As-tu noté le numéro ? Yvonne.

— J’ai même pris le nom, mais je ne me souviens de rien, regardez plutôt sur la petite table.

Pierrette reconnaît le nom de l’un des hommes d’affaires chez qui elle s’est présentée.

Elle s’empresse d’appeler à son tour, mais le Monsieur est absent et on ne l’attend à son bureau que le lendemain matin. Un instant, elle eut la crainte d’avoir manqué l’occasion, peut-être unique, de se trouver un emploi. Puis optimiste malgré tout, elle se dit : « on ne peut me tenir rigueur d’être sortie. »

Le lendemain matin à neuf heures elle était déjà devant l’appareil, elle avait compris depuis le premier jour qu’elle ne pouvait plus afficher la même indépendance, elle serait sous peu une salariée. Quand elle eut obtenu la communication, on lui répondit que Monsieur X était là. Il ne lui promit pas tout de suite du travail, il la priait de passer à son bureau dans le cours de l’après-midi.