m’a répondu qu’il n’en serait nullement privé, voyageant avec la torpédo de l’un de ses amis.
— Il est bien chic, ton Charlie, hasarda Benoît.
— Charlie est bien aimable, dit Pierrette devenue songeuse, mais sais-tu ? je crois qu’il m’aime plus que je ne sais l’aimer.
— Je connais quelqu’un qui a dit : « Il faut aimer beaucoup pour penser ne pas aimer assez. »
— Oui, mais si tu savais, il me passe tous mes caprices ; et parfois, je lui en veux. Je fais les demandes les plus ridicules, en pensant qu’il va s’efforcer de me raisonner ; et non, jamais, tu désires ceci, tu veux que nous fassions cela, et toujours ma volonté est pour lui un ordre. Je pourrais l’amener à faire des sottises.
— Sur ce, dit-elle, souhaitons-nous une bonne nuit.
Benoît entendit sa cousine qui chantait : « Kiss me good night. »
Le temps est maussade et Pierrette dit en souhaitant le bonjour à son cousin.
— Je serais bien tentée d’être désagréable aussi.
— Bougonne, toi, Pierrette, tes yeux rient. La joie éclate sur ton visage. As-tu jamais pleuré ?
— Non, je ne pleure jamais, je ne veux pas pleurer. C’est idiot. À quoi cela avance-t-il ?
— Tu as raison, à rien, et tu deviendrais laide.
Assise dans le salon Pierrette brode, tandis que Benoît cause avec Guy de Morais venu le rejoindre après le dîner.
Il y avait une heure que cette jasette durait quand Benoît demanda :
— Nous n’allons nulle part, cousine ?
— Par un temps pareil, ma foi non. Ce soir, peut-être irons-nous au théâtre si cela vous intéresse.
— C’est bien, soit. En attendant, nous allons faire une petite marche pour nous dégourdir.
— À votre gré.
Aussitôt les jeunes gens partis, Pierrette s’asseoit au piano et chante. Et elle pense : « S’ils passent plusieurs