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— Ne vous inquiétez pas de nous, Monsieur. Quand désirez-vous prendre possession de la maison ?

— Dans huit jours, cela vous peut-il être possible ?

— Très bien, Monsieur.

Ils discutent ensemble assis au salon les conditions de paiement, les moindres détails. Pierrette est surprise elle-même de la facilité avec laquelle elle s’est transformée. Aurait-elle jamais cru savoir ainsi discuter des questions qu’elle dédaignait quelques mois auparavant.

Il lui laisse fixer le jour qui lui convient le mieux pour se rendre chez le notaire signer le bail.

— C’est à vous que j’aurai affaire, Mademoiselle ?

Son ton voulait être indifférent en posant cette question, mais il est surpris de voir cette jeune fille remplacer sa mère ; on ne lui a pourtant pas dit que celle-ci soit impotente.

— À moi, ou à ma mère si elle est assez bien.

Il salua et partit. On lui avait dit : Vous aurez à traiter avec des personnes plus qu’aisées, tombées tout récemment dans un état, qui pour elles, peut leur paraître de la misère. Il s’était attendu à trouver des femmes larmoyantes, désolées, prêtes à accepter toutes les conditions. Loin de là, il trouvait une jeune fille moderne, maniant les affaires comme une personne au courant.

Aussitôt que la porte se fut refermée sur ce visiteur, Pierrette courut au téléphone, afin de faire cesser tout de suite l’annonce dans les journaux. Elle pensait à économiser les moindres sous, elle, habituée à ne pas compter. Elle s’inquiétait : « je deviendrai mesquine, avare, et comme ce serait vilain. »

Elle s’empressa de remercier la personne de leurs amis qui lui avait dépêché ce locataire muni des meilleures recommandations, et revint au boudoir. Elle fit des chiffres, se sentit satisfaite, et voulut faire part à sa mère de tous ces développements heureux. Celle-ci arrivait pour le repas du soir.

La jeune fille espérait lui voir partager son enthou-