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te. Maintenant, elle n’avait qu’à s’en féliciter, bien qu’elle fût au désespoir à la seule pensée de voir son enfant réduite à une pareille extrémité.

— Non, Pierrette, supplia-t-elle, tu ne travailleras pas. J’ai mes rentes de jeune fille. Cette maison, nous la vendrons, et nous en tirerons de quoi te permettre de te marier convenablement.

— Je me demande si je ne suis pas déjà une vieille fille, dit Pierrette en se regardant dans la glace.

Elle sourit, c’est qu’elle n’était pas très convaincue.

La mère suivait son idée fixe, cette repartie de sa fille n’avait pu la dérider.

— Nous avons des amis influents ; il faudra s’adresser à eux. Si tu pouvais t’occuper ici, faire de petits travaux d’aiguille, tout en restant avec moi, et même je pourrais t’aider.

Dans ces paroles passait toute l’affection débordante, tout le dévouement d’une mère qui préfère se donner de la peine, et l’épargner à ses enfants.

Pierrette ne releva pas cette phrase, et se retira quelques instants plus tard.

De nouveau, elle s’adresse à Yvonne :

— Plus d’économie, ma bonne, supplie-t-elle. Pour moi, le matin, plus de café. Puis elle énumère ainsi tout ce qu’elle juge superflu pour elle-même, et dont elle se passera jusqu’à nouvel ordre.

— Yvonne, je te dois un mois de gages, et je ne l’oublie pas, il faut que je te paie à tout prix.

— Tut ! Tut ! je suis riche, je n’ai pas besoin d’argent, j’ai des économies.

Mais Pierrette était déjà loin et ne l’écoutait plus.

Elle se met au téléphone et demande une foule de conseils à des amis sûrs chez lesquels elle fréquente peu mais dont elle connait le dévouement inaltérable, et la clairvoyance de tout premier ordre.

Tous et chacun lui promettent un appui. On lui conseille de mettre la maison en vente, sans se servir de l’intermédiaire d’un notaire. Il faut éviter tout dé-