Page:Filion - À deux, 1937.djvu/95

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 93 —

même s’il lui fallait briser définitivement avec sa mère.

Elle n’avait pour subsister que son salaire et le peu d’argent que sa mère lui envoyait chaque mois. Comme elle n’avait pu réaliser d’économies en si peu de temps, il lui était impossible de vivre bien longtemps de la sorte. Sa position, peut-être serait-elle remplacée, si elle tardait trop à revenir ?

Elle remuait toutes ces idées dans sa tête, et se répétait qu’il fallait frapper un grand coup. Son teint avait perdu de sa fraîcheur, elle était tout aussi blanche, mais nulle rosée ne venait fleurir ses joues, sous ses yeux se distinguait un cercle de bistre, résultat de plusieurs nuits d’insomnie, de longues heures d’angoisse.

Elle était assise sur le lit, sa mère en face d’elle sur la chaise.

— Maman, dit-elle tout-à-coup, nous ne pouvons continuer de vivre comme nous le faisons depuis des jours. Vous me direz les raisons qui doivent à jamais m’éloigner d’Alexandre, ou si non je briserai avec vous, et j’irai retrouver mon fiancé. Nous nous marierons sans le consentement de nos parents. En punition, nous serons plus que probablement malheureux, mais pas plus que je ne le suis depuis ces derniers temps.

Elle était toute pâle, et serrait les lèvres avec le désir évident de dompter la colère qu’elle sentait gronder en elle.

La mère se contenta de branler le chef :