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Vous avez préféré ne pas me garder sur la « terre », parce que la famille était nombreuse, trop pour vous permettre d’établir le premier-né de la sorte. Je me suis résigné, je suis parti. J’ai souffert et j’ai lutté à la ville pour me créer une situation convenable, pour tenir une conduite toujours digne du nom que je porte, et que vous m’avez légué en m’apprenant à le respecter. J’avoue le tort dans lequel je me suis placé vis-à-vis de vous en négligeant de vous consulter, ce n’était pas prémédité, j’ai parlé à cette jeune fille bien avant le temps que je m’étais fixé ; mon cœur a joué un tour à ma raison, je ne conçois pas que ce soit un motif suffisant pour que vous mainteniez votre refus. Venez, quand vous la verrez, vous excuserez votre enfant.

Je ne vous promets pas de cesser mes relations avec Laure Lavoise, je m’en sens incapable. Si vous ne voulez pas vous rendre à mon invitation, j’attends avec impatience un mot de vous levant cette défense ; de plus, malgré tout mon respect de votre autorité, je ne vous cache pas que je suis plus que jamais décidé à épouser Laure.

Papa, rappelez-vous que vous avez été jeune. Rappelez-vous le jour où l’amour s’éveilla dans votre cœur pour celle qui est devenue votre femme et ma mère ; en souvenir de ce jour heureux, ne vous montrez pas intraitable envers de pauvres enfants qui s’aiment bien. Je puis vous assurer que ma fiancée est digne en tous points de faire partie de votre famille. Pensez un peu à ce que vous auriez