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avoir pensé ce qu’il avait dit. Que je voudrais qu’il la fît à ma place cette excursion ! »

Le jour déclinait rapidement, bien que les heures de soleil eussent commencé d’allonger ; à la ville, entourée de hautes bâtisses, la différence ne se faisait pas encore sentir d’une façon appréciable. De nouveau Laure entraîna sa mère au dehors pour le repas du soir.

Quelle triste figure elle fit au restaurant, elle n’avait pas faim, ne touchait aux mets que du bout des dents et jugeait : « J’ai pratiquement perdu mon après-midi, je n’ai rien appris que je sache, et je ne me suis pas senti la force de dire comme me l’avait conseillé Mère X : « Maman, dites-moi, tout, tout, c’est l’avis qu’on vous donne au couvent. »

Laure choisit spontanément un restaurant d’un ordre supérieur. Elle avait appris bien vite que le soir, des femmes non accompagnées doivent se montrer très circonspecte, de plus, elle avait été écœurée par les propos des servantes de table. Ici, le personnel était mieux stylé, elle n’entendit pas la moindre remarque à leur sujet. Elles prirent leur repas en silence.

Ce fut avec un réel soulagement qu’elles pénétrèrent dans l’étroite chambre avec laquelle Madame Lavoise commençait à se réconcilier. Laure toucha le commutateur électrique, et vint s’asseoir sur la chaise au pied du lit, elle força sa mère à prendre place en face d’elle. La couverture blanche avait été enlevée en prévision de la nuit approchante.