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C’est insensé. C’est là le point. Je ne suis pas son enfant. Livre-t-on ainsi une enfant unique à des soins mercenaires ? Elle m’a fait élever par pitié. Je lui suis peut-être quelque chose — mais elle n’est pas ma mère…

Maintenant Laure a enfoui sa tête dans les coussins du divan et des sanglots éperdus emplissent le silence de la chambre.

Pendant ce temps, à l’autre extrémité de la pièce, se meurtrissant les mains au bois franc de la table, Alexandre souffre de ne pouvoir consoler Laure. Quelle force de volonté ne doit-il pas déployer pour s’empêcher d’aller vers elle, et de calmer sous des caresses, cette peine dont il est jusqu’à un certain point, cause.

Après avoir laissé couler quelques instants ces larmes qui doivent la soulager, il revient s’agenouiller auprès d’elle, pose ses lèvres sur les mains réunies et la force à laisser voir son visage en larmes.

— Il faut que je rentre, bégaya-t-elle.

— Oui, je veux bien, mais avant calmez-vous, Laure. On dira que nous nous sommes querellés. Un frère et une sœur ne se querellent pas de la sorte.

Elle comprit le bien fondé de ses paroles, et se mit à regarder autour d’elle.

Il se mit à s’agiter. Il s’empressa jusqu’au bout du corridor, revient avec une bassine remplie d’eau froide, ouvre des tiroirs rangés avec ordre, en tire une serviette propre. Laure, comme ce matin, dans