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vait élevée par charité. Alexandre, j’ai fait depuis hier toutes les suppositions, en un mot, si je n’étais pas digne de vous, entendez-vous bien, je serai la première à vous supplier de me laisser seule avec mon déshonneur.

— Que dites-vous là ? Rien ne pourrait faire changer ma décision. Mais de nouveau, pas de ces idées qui annihilent l’énergie. Je vous le répète : il n’y a entre nous que des chimères. Voulez-vous que j’aille avec vous et que je rencontre votre mère ?

— Oh non, ne venez pas. Je me demande comment elle vous recevrait. Elle ne peut entendre prononcer votre nom. Si vous saviez ce que j’ai souffert depuis hier ?

— Je le présume, chérie. Comme vous m’aimez ! Et comme je suis heureux malgré le mal que vous m’avez fait, en vous voyant si bouleversée !

Il s’était assis à côté d’elle sur le divan et caressait doucement entre les siennes l’une des mains de la jeune fille.

De nouveau, les paroles de sa mère tintèrent aux oreilles de Laure, elle fit un mouvement pour se lever et dit : « Je rentre. »

Alexandre s’éloigna et Laure recommença de parler, mais elle ne s’adressait plus au jeune homme, elle énonçait haut toutes les pensées qui l’avaient meurtrie depuis la veille.

— Ma mère… ma mère… Je n’ai aucune raison de la soupçonner, elle est honnête. Mais suis-je sa fille ?… Ne m’aurait-elle pas gardée auprès d’elle ?