Page:Filion - À deux, 1937.djvu/7

Cette page a été validée par deux contributeurs.

À DEUX



Les lumières électriques rutilent à profusion. Les mille et un bibelots, tous ces riens qui servent à parer la femme et à faire d’elle une idole, dont les moindres atours représentent une fortune, s’étalent et resplendissent sous ce flot de clarté. Près de l’étalage, où se vendent les parfums, une jeune fille blonde, des cheveux d’or, légers et flous que le coiffeur n’a pas réussi à maîtriser, qui s’éparpillent autour de sa tête et lui font une magnifique couronne bouclée, des yeux bleus, d’un bleu limpide et doux, un visage de figurine, se tient dans l’attitude de l’attente ; elle sourit, et devant cette exquise apparition, les clients semblent se demander, si elle n’est pas descendue d’un piédestal ou de l’un des vitraux de l’église la plus rapprochée.

Un grand jeune homme aux allures délurées vient de passer en lui jetant à la dérobée un coup d’œil d’admiration. Elle le reconnaît sans savoir son nom, deux fois déjà cette semaine, il est venu au magasin, il parait y venir par affaire, elle ignore tout de lui, et ne voudrait pas demander aux autres commises, qui il est, si toutefois il en est qui savent ; sans se l’avouer elle est flattée de l’atten-