Page:Filion - À deux, 1937.djvu/67

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 65 —

sœur tombée tout à coup du ciel, pourtant elle fit au passage de la jeune fille son salut le plus obséquieux.

Laure rougit jusqu’à la racine de ses cheveux, son cou, son front se couvrirent du rouge de la honte, être ainsi cataloguée au rang des femmes sans honneur, par cette étrangère, lui faisait bien mal et son cœur était déjà d’un poids si lourd à porter.

Mais Alexandre tenant toujours le coude de Laure commençait à gravir les escaliers. Arrivé au quatrième étage, il s’arrêta, mit la main à sa poche, en tira une clef et l’introduisit dans la serrure. Laure eut la certitude de ce qu’elle avait cru deviner tout à l’heure : Il l’amenait à sa chambre, et à cette minute, la question de sa mère le matin, quand elle s’était préparée à sortir, vint bourdonner à ses oreilles. Elle eut un mouvement de recul qui n’échappa pas à son compagnon.

— Laure, n’avez-vous pas confiance en moi ? N’est-ce pas vous qui avez refusé de regagner tout de suite le Foyer ? Et vous aviez raison, nous avons besoin de causer, de nous entendre. Aurions-nous pu échanger des paroles quelque peu graves, devant tant de regards curieux, jaloux ou méchants ?

Son incertitude n’avait été que d’une seconde, elle avait passé le seuil, et regardait, étonnée, la chambre spacieuse, bien rangée, mais si simple : un divan le long du mur, une chaise droite placée auprès d’une longue table sur laquelle s’alignaient les différents échantillons du travail d’Alexandre, elle