Laure appuya ses poignets au rebord de la table, tous ses membres étaient si lourds.
— Je ne puis manger, Alexandre, je ne puis pas.
— Buvez ce café, il vous remontera, vous stimulera ; vous êtes glacée d’avoir couru la rue à une heure semblable sans déjeuner.
Elle ne répondait pas, ne se défendait pas, et avalait à petites gorgées le breuvage brûlant. Dans ses yeux des pleurs perlaient, c’était la réaction qui commençait à se produire. De sentir Alexandre là tout proche, l’espoir lui revenait, il saurait bien la défendre.
Quand elle eut reposé le bol sur la table, il s’informa si elle n’en prendrait pas une deuxième fois. Pendant tout ce temps, il l’avait examinée afin de découvrir quelle était la cause de son désarroi, et ne pouvait arriver à comprendre. Elle paraissait craindre et regardait par petits coups d’œils furtifs.
Il insista :
— Cela vous remettra tout à fait.
— Merci, je préfère n’en pas reprendre.
Sa voix était toute mouillée des larmes que depuis son départ du couvent, elle s’était refusée à laisser couler, et qui lui faisaient le cœur si gros, si lourd qu’elle avait peine à le porter.
— Allons, Laure, vous n’allez pas pleurer devant ces étrangers ?
Il avait, pour lui dire ces quelques mots, pris un accent si doux que le cœur de la jeune fille chavira, des sanglots soulevèrent sa poitrine, elle mor-