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était près d’elle et disait, en lui serrant affectueusement la main :

— Laure, ma petite Laure, comme vous êtes bouleversée ! Que vous arrive-t-il ?

La pauvre enfant ne savait pas comment exposer ce qui l’avait amenée. Elle regardait la religieuse avec de grands yeux égarés, cherchant inutilement autour d’elle un appui dans sa détresse.

La religieuse la força à s’asseoir.

— Laure, mon enfant, vous êtes malade ?

Elle avait toujours eu dans son dévouement inlassable pour cette enfant si privée d’affection, sans famille, des mots doux et caressants. Ils firent du bien à son âme en peine.

— Ma mère, articula-t-elle lentement, dites-moi quel est le secret de ma naissance ? dites-moi, ai-je un père ? Ne serait-il pas mort ? Oh, dites-moi, dites-moi.

Elle éclata en sanglots et cacha sa tête dans ses deux mains.

La religieuse dégagea sa figure, lissa de chaque côté du front comme aux jours tout récents de son existence d’interne ses cheveux flous qui s’échappaient du petit chapeau.

— Que vous est-il arrivé, mon enfant ? pour qu’un tel besoin de vous tourmenter vous ait prise ? Vous savez qui est votre mère. N’est-elle pas digne de votre confiance ? Pourquoi ne pas la croire quand elle vous renseigne sur vos origines ?

Elle parlait d’une voix douce et calme, mais ce calme lui-même faisait mal à Laure. Pouvait-elle