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— Laure, regardez comme il fait beau. Laure, à quoi pensez-vous ?

Elle avait rougi, son ton était si changé, et sans attendre sa réponse, il avait ajouté :

— Moi, je pense que je voudrais vous voir accepter bientôt de partager ma vie ?

Laure ne paraissait pas très surprise, mais un peu émue. Elle le fut davantage quand il continua :

— Laure, nous n’avons pratiquement pas de famille, puisque nos parents sont si éloignés. Pourquoi retarder la minute de mon bonheur ? Nous vivons en dehors du monde, en dehors des conventions mondaines à cause de notre solitude réciproque. Laure, je vous en supplie, sous ce beau ciel bleu, par cette belle journée de fête, promettez-moi votre amour ?

Elle s’était presqu’arrêtée. Une foule de sensations diverses s’élevaient en elle. Désir de faire plaisir et de dire tout de suite : « Oui, Alexandre, je suis heureuse de vous donner ma main », vague sensation de frayeur à la vue de l’abîme d’inconnu qui s’ouvrait devant elle, elle frissonne d’un long frisson.

Alexandre s’était rapproché, il avait pris son bras et le passait sous le sien :

— Dites, Laure, que vous avez confiance en moi, que vous n’avez pas peur de l’avenir que je saurai vous faire ?

Ce n’était pas le jeune homme qui lui inspirait la crainte. Cette impression de frayeur était celle d’une âme toute jeune, toute neuve, qui ne sait rien