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La dernière charretée de foin vient d’être déchargée. La pluie commence à tomber en larges gouttes, qui se changent rapidement en torrents. Les hommes se pressent de mettre les chevaux à l’abri, eux-mêmes regagnent la maison. Alexandre Daubourge qui rentre le dernier, en compagnie de Jacques, fait des yeux le tour de la cuisine et voit qu’il manque quelqu’un. Il s’est habitué à la retrouver au milieu de ses autres enfants à l’heure du travail, il ne s’explique pas bien son absence.

— Où est Laure, demande-t-il.

Hélène dit :

— Dans sa chambre, je suppose.

Elle se dirige aussitôt dans cette direction, afin de s’assurer. Elle revient toute pâle. Que peut-il bien être arrivé ? Elle n’est pas là. Elle n’est pourtant pas partie.

Le père se fait juge d’instruction :

— Jacques, a-t-elle travaillé avec toi cet après-midi ?

— Oui, dit celui-ci.

— Vous êtes-vous querellés ?

— Non, à quel propos aurions-nous pu nous quereller, elle ne cause pas en travaillant et nous étions si pressés.

— Quand t’a-t-elle quitté ?

— Au deuxième voyage, quand je suis revenu avec ma voiture à vide, elle n’était plus là, j’ai cru qu’elle était entrée à la maison, trop fatiguée pour continuer.