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promenade de la terrasse Dufferin presque déserte à cette heure. Un ecclésiastique la longe à pas lents tout en lisant son bréviaire. Un fonctionnaire, au sortir de son bureau, vient prendre l’air quelques minutes tout en fumant un cigare. Lucille s’émerveille, Alexandre dit :

— Tu verras, ce soir. Les promeneurs ne seront pas aussi nombreux qu’ils le sont durant l’été, cela nous permettra d’y circuler tout en causant sans être entraînés dans une houle humaine. Tu verras la ville de Lévis de l’autre côté du fleuve, tu verras sa croix lumineuse qui te rappellera celle du Mont-Royal.

Le lendemain Alexandre a conduit sa compagne au Parc des Champs de Bataille. Il lui raconte la capitulation de Québec.

Et Lucille de dire dans un petit sourire amusé :

— Tu me reportes aux jours de mon enfance, quand j’étais sur les bancs de l’école, j’avais toujours rêvé venir à Québec et visiter ces lieux historiques, toi seul pouvait accomplir ce miracle.

Elle s’est rapprochée de son mari. Ils sont seuls, la promenade est déserte, les arbres n’ont pas de feuille, les fleurs ne font que sortir de terre, elles ne pourront donc rien raconter : alors, il l’attire à lui et dit :

— Es-tu heureuse ?

— Bien, bien heureuse.

Et devant le grand fleuve qui coule paisible ses eaux vertes, il la presse dans ses bras d’une étreinte passionnée.