— Au contraire, si tu tardes, nous irons te rejoindre. Vas-tu à Saint-Jacques ?
— Oui.
Puis elle était sortie, si heureuse de leur ménager un tête à tête, et de les fuir.
Dans la grande nef sombre, elle s’est agenouillée derrière un pilier, et la tête dans ses mains, sans parole, elle offre à Dieu sa peine afin qu’il l’aide à la porter. À cette prière muette, elle ajoute : « Rendez-les heureux. Réconciliez mon père et ma mère. »
Depuis combien de temps était-elle perdue dans sa supplication quand Lucille et Alexandre vinrent la chercher, elle n’aurait su le dire. Elle les suivit docilement et crut remarquer qu’ils paraissaient plus gais qu’à l’ordinaire.
Un soir, que la jeune fille les a de nouveau laissés seuls. Alexandre a demandé, non sans une certaine hésitation :
— Lucille, croyez-vous encore que je puisse faire votre bonheur ? Êtes-vous prête à tenir la généreuse promesse que vous m’aviez faite en cette veille de Noël ? Voudriez-vous me consoler ? Non pas, prendre la place de Laure dans mon cœur, cette place qui aurait toujours dû être vôtre. Pourrez-vous jamais oublier que j’ai pu vous être infidèle ?
Et Lucille avait dit d’une voix très douce, mais avec fermeté :
— Alexandre, mon cœur n’est pas de ceux qui changent.