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pas à cette abomination, elle prendrait le train sans plus tarder et retournerait dans son village. Laure ne put empêcher ses larmes de couler abondantes en la voyant s’éloigner, le dos courbé, plus cassée qu’à l’arrivée. Lucille Prévoust, députée par Alexandre était au chevet de la belle Laure. Elle avait été très discrète, n’avait posé aucune question, elle se montrait simplement maternelle pour la jeune fille qui paraissait bien malheureuse. Quelques jours s’étaient écoulés, Laure pensait bien son père retourné dans sa famille, mais elle n’osait s’informer.

Quand le premier soir, Alexandre était venu prendre de ses nouvelles, il n’avait été qu’une seconde, il l’avait regardée et d’une voix toute mouillée de larmes Laure avait dit :

— Merci, oh, merci, Alexandre.

Aussitôt il s’était éloigné incapable de maîtriser son émotion, Laure avait été trop ébranlée, pour l’émouvoir inutilement.

Laure recommence à vivre, elle songe à retourner au travail. Avec Lucille qui est venue partager sa chambre afin de la distraire, elle évite de parler de ses parents, pourtant son esprit en est plein. Elle rêve à sa mère qu’elle sait partie si malheureuse, elle songe à son père qu’elle avait désiré connaître, elle se sentait à son égard partagée entre l’amour et la haine. Il était son père, mais il lui avait fait tant de mal en abandonnant sa mère. Les visites d’Alexandre se font de plus en plus rares.