Page:Filion - À deux, 1937.djvu/145

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 143 —

ra son œuvre. Nous sommes tous trop bouleversés pour juger sainement des choses.

Il leur souhaita l’au revoir et s’éloigna non sans un sentiment de délivrance, cette première entrevue lui avait été très pénible, bien qu’il se fût efforcé de le dissimuler. Il aurait voulu être longtemps, longtemps sans revoir Laure, son cœur se serait apaisé ; plus tard il lui aurait été plus facile de la considérer comme une sœur ; loin de là, les événements en se précipitant l’obligeraient à un contact journalier. Quelles nouvelles heures de souffrance, il lui allait falloir vivre.

Alexandre vint sans retard rejoindre son père. Les deux hommes se concertèrent. Le transport et l’installation de Laure à la conciergerie Frontenac furent organisés. Le malheureux père ne cessait de se lamenter : « je voudrais l’amener chez moi, mais c’est impossible, impossible. » Ils n’attendaient qu’un nouvel appel de Laure pour se présenter.

Aussitôt Alexandre parti, Laure avait fait asseoir sa mère sur le rebord de son lit et l’avait suppliée de la laisser transporter sous le même toit qu’Alexandre. Non sans un sentiment de honte, elle lui raconta sa visite non préméditée à la chambre du jeune homme et les inconvénients qu’il pouvait en résulter pour son honneur. Seule cette considération put décider sa mère à perpétrer ce nouveau sacrifice. Ce qu’elle n’avait jamais voulu même considérer comme possible, allait arriver : Laure réunie à la famille Daubourge. Elle n’assisterait