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sa surprise devant cette étrangère à la langue bien pendue. Nous montons tout de suite à ma chambre, vous allez trouver cela haut, je loge au quatrième étage. Tout en causant ainsi, il entraînait son père dans les escaliers, il parlait avec volubilité, de crainte que le chef de la famille n’entamât tout de suite le sujet, qui l’avait conduit si loin de son village. Il n’avait pas eu une minute de doute, c’était l’annonce de son mariage avec Laure Lavoise, qui lui valait cette visite inaccoutumée. Il craignait inutilement, son père faisait comme lui, et s’entretenait de choses indifférentes, il l’arrêta sur le palier du deuxième étage :

— Laisse-moi souffler, je n’ai plus ton âge. Puis je veux avoir le temps d’examiner. Je ne suis pas mécontent d’être venu à Montréal, j’aurai avant de partir pour l’éternité, vu cette ville avec ses maisons qui ressemblent à de grandes boîtes.

Alexandre, encouragé par ces heureuses dispositions, n’augurant que du bien de l’entretien qu’il sentait imminent avec son père, répliqua gaiement :

— J’espère que vous y viendrez souvent à l’avenir.

— C’est à voir, répondit philosophiquement le plus âgé des deux hommes.

Ils avaient recommencé leur ascension et repris leur conversation pour ne rien dire.

À sa porte, Alexandre fit tout comme le jour où il avait amené Laure, mais il ne sentit aucune gêne à montrer à son père de quelle façon simple, il était logé.