lencieuse, si le cœur allait me manquer, avant de me rendre à la fin.
Elle se recueillit. Laure vint s’asseoir sur la chaise laissant le lit à sa mère, elle joignit les mains dans l’attente des secrets qui allaient lui être divulgués.
Hier, je m’étais arrêtée au jour où par lettre recommandée, je lui faisais savoir qu’il n’aurait mon enfant que par la force. Tu avais à ce moment trois ans. Il finit par savoir exactement où tu étais, il fit des démarches pour te faire enlever, mais toujours le bon Dieu déjoua ses plans, quelqu’un se trouvait sur son chemin et l’empêchait de perpétrer son affreux rapt. Tout cela n’était encore rien. Buté à son idée fixe de revoir sa fille, il m’intenta un procès. Tu ne comprends pas toi, toute la signification que ce mot avait pour moi : être traînée en cour, elle insista intentionnellement sur ces mots afin de bien faire comprendre à sa fille, toute l’infamie qu’une campagnarde comme elle, rangée, ordonnée, honnête, ressentait au contact de ce mot sur ses lèvres : être traînée en cour. Ce qui ne laissait aucun doute, qu’elle ne s’y fut rendue qu’en dernier ressort. Il me fallut faire à Québec plusieurs voyages, tout mon argent passait pour ces déplacements. Il n’est pas invraisemblable de penser qu’il espérait de la sorte me forcer à demander quartier. Comme il savait peu de chose du cœur d’une mère. Je me serais traînée à genoux devant les avocats, devant les juges, plutôt que de me rendre à son désir. Ah ! ces malheureux avocats, ils savent bien tout