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fit partie du Conseil général de la Haute-Garonne et du Conseil municipal de Toulouse. Je me souviens encore de l’ardeur avec laquelle il défendit au sein du Conseil municipal les droits des pauvres de la banlieue, qui ne recevaient aucun secours du Bureau de bienfaisance. Il lutta sans relâche jusqu’au moment où les malheureux dont il avait plaidé la cause eurent part aux distributions faites par le bureau de bienfaisance.

Une de ses préoccupations les plus vives était l’émigration des ouvriers de la campagne vers les grandes villes. Il en étudie les causes et cherche les moyens les plus propres à arrêter cette tendance fâcheuse. M. Théron de Montaugé trace à cette occasion un tableau émouvant de la pauvreté dans les campagnes. Il eût voulu voir se développer partout des institutions ayant pour but d’assurer une existence moins malheureuse aux invalides de l’agriculture. Il eût voulu que l’assistance publique fut mieux organisée partout, et que les efforts de la charité publique, si multipliés dans les grands centres, prissent dans les campagnes un développement en rapport avec les misères à secourir et les souffrances à soulager. Il était partisan des orphelinats agricoles, et tous ceux qui ont vu de près des institutions de ce genre seront assurément de son avis. Il eût voulu enfin que l’association dans une juste mesure du propriétaire et de l’ouvrier encourageât ce dernier à préférer la vie des champs à la vie plus attrayante peut-être, mais à coup sûr plus pénible et plus désordonnée des grandes villes.

Les éminentes qualités de M. Théron de Montaugé l’avaient signalé à l’attention des sociétés savantes. L’Académie de législation de Toulouse, la Société d’agriculture de la Haute-Garonne, la Société centrale d’agriculture, la Société d’encouragement à l’industrie nationale, l’Académie des sciences morales et politiques, l’Académie française lui donnèrent les témoignages d’estime les plus flatteurs et lui décernèrent des récompenses bien méritées.

M. Théron de Montaugé a siégé parmi nous pendant un petit nombre d’années, et quelques-uns de ses meilleurs travaux figurent dans nos mémoires. Aucun de nous n’en a perdu le souvenir.