CHAPITRE PREMIER
Le 11 mai 1878, il se passa des choses étranges à l’Académie des sciences de Paris. Pendant la séance publique, un des plus savants physiciens de cette assemblée, Th. Du Moncel, présenta à ses collègues un appareil vraiment merveilleux, puisqu’il reproduisait la voix humaine, qu’il parlait, chantait, et répétait les sons, préalablement fixés et emmagasinés à sa surface.
L’inventeur était M. Edison, le célèbre électricien des États-Unis.
Quoique le téléphone nous ait habitués à bien des surprises scientifiques venant du nouveau monde, l’annonce de l’existence d’une machine enregistrant les sons, laissait les assistants fort incrédules. Mais il fallut bien se rendre à l’évidence.
L’aide de M. Edison, envoyé de New-York pour faire connaître en Europe le phonographe, s’était placé devant sa machine, qui ressemble à une boîte à musique, et qui a un mètre de long sur 20 centimètres de large, et il prononça, à voix très haute, les mots suivants :
— M. Edison a l’honneur de saluer Messieurs les membres de l’Académie.
Alors il tourna la manivelle, et la machine répéta distinctement :
— M. Edison a l’honneur de saluer Messieurs les membres de l’Académie.
Ensuite l’opérateur, appliquant de nouveau ses lèvres sur l’embouchure de la machine, dit textuellement :
— Monsieur phonographe, parlez-vous français ?
Il tourna la manivelle, et l’instrument répéta :
— Monsieur phonographe, parlez-vous français ?
Ces paroles furent parfaitement entendues de tout le monde. Seulement, le timbre n’était plus le même que celui des paroles prononcées ; l’instrument parlait beaucoup plus bas, et à la manière d’un ventriloque.
L’assistance était stupéfaite : on paraissait croire à une mystification. Th. du Moncel, fut prié par ses collègues de vouloir bien remplacer l’opérateur.