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Fig. 69. — Tirage d’une épreuve de photogravure à la presse lithographique.


dessous les traits du dessin et leur ôter toute solidité.

Ces creux doivent être assez profonds pour ne pas s’empâter rapidement au tirage par l’encre d’impression. Il est nécessaire, pour obtenir la résistance convenable, la solidité dans les traits, d’empêcher l’acide d’amincir trop les cloisons qui les supportent ; il faut au contraire les renforcer à la base en donnant aux creux la forme de V, tandis que la base du plein s’élargira en forme d’A.

La profondeur doit être assez considérable dans les grands blancs pour empêcher le rouleau de plonger, sans quoi ils seraient salis ; mais lorsque les traits sont rapprochés cette crainte n’existe plus ; une profondeur inutile entre des parois très minces pourrait les affaiblir ; or, par le fait seul du procédé employé, l’attaque par l’acide ne continue qu’en proportion de la largeur des espaces à creuser.

Ces résultats sont obtenus régulièrement par les mises en œuvre suivantes :

La planche préparée, portant le dessin, est encrée avec une encre grasse contenant un peu de cire et placée dans une cuve avec de l’eau acidulée qui mord légèrement le métal ; cette cuve est montée en bascule, un levier actionné par un moteur à vapeur la maintient en mouvement, l’eau va et vient sur toute la surface, lavant continuellement les parties non réservées contre son action ; il ne se produit donc pas de saturation locale, et le liquide incessamment renouvelé mord les fonds aussi bien que les parois, qui ne tarderaient pas à être minées, si on prolongeait trop longtemps la morsure. C’est pour cela que cette première attaque est faite avec le plus grand soin, c’est d’elle que dépend la finesse de l’épreuve : on emploie l’acide azotique à un état de dilution tel qu’il est peu sensible au goût, un ou deux centimètres cubes par litre d’eau. L’acidité est maintenue par la petite quantité d’acide à 36°, qu’un flacon à robinet verse goutte à goutte dans la bassine.

Après un quart d’heure environ, la planche est retirée ; le creux est à peine sensible à l’ongle, il faut, en le continuant, protéger les parois verticales et ne creuser que le fond ; pour cela on éponge, on sèche la planche, on la met sur une table de fonte chauffée régulièrement par la vapeur du moteur ; l’encre grasse qui couvre les traits se liquéfie légèrement, elle déborde et descend le long de la paroi qu’elle protège ; à ce moment on retire la plaque qu’on laisse refroidir, puis on l’encre de nouveau ; on la couvre ensuite en plein avec de la résine en poudre impalpable qui s’attache seulement sur les parties encrées, l’eau du nouveau bain enlèvera tout l’excédent ; on la remet dans la cuve avec un acide un peu plus fort et on recommence l’ensemble de ces opérations huit, dix ou douze fois. En procédant ainsi, l’encre qui déborde et descend le long des parois empiète de plus en plus sur la base du creux et, si les traits sont rapprochés, les deux coulées d’encre protectrice se rejoignent par le pied d’autant plus vite que l’écart est moins grand. Ainsi les morsures se trouvent arrêtées successivement et les creux sont d’autant plus profonds que les traits sont plus éloignés.

Il est facile de suivre la marche de la gravure et des réserves faites par l’encre ; à mesure que celle-ci remplit complètement les creux, les finesses du dessin s’empâtent, et à la fin de l’opération la surface présente un placard entièrement noir.