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qui représente, au prix de 30 centimes le mètre cube, une dépense de 14 centimes ; — une tasse de chocolat, composée d’un demi-litre de lait et d’une quantité convenable de chocolat, délayée dans un peu d’eau, est préparée en huit minutes, avec une dépense de 30 litres de gaz ; — un bœuf à la mode, pesant, en totalité, viandes et légumes, environ 1  kil.  800, se cuit en quinze minutes, avec 110 litres de gaz ; — un roti (gigot de mouton) pesant 1  kil.  980, est cuit en. une heure et demie, avec 600 litres de gaz ; — un poulet de 1  kil.  370, n’exige que 350 à 370 litres de gaz.

Quant aux avantages pratiques de la cuisine opérée avec le gaz, nous ne saurions mieux faire que de comparer le fourneau ordinaire des cuisines où l’on brûle le charbon de bois, avec le fourneau à gaz.

Sur un fourneau ordinaire, à charbon de bois, vous avez trois ou quatre trous de foyer, que recouvre une hotte ; plus, une grillade, au fond, munie d’un large tuyau, à fort tirage, activé par une trappe mobile.

Pour commencer, il faut allumer le charbon dans un des trous de foyer. Il faut, pour cela, tout l’attirail suivant : caisse à charbon, braise, copeaux, pincettes. On met de la braise et des copeaux dans le foyer, et on allume. On place un petit tuyau à main au-dessus du feu, pour activer le tirage ; car ces foyers tirent mal. On est souvent obligé d’ouvrir la fenêtre, pour chasser la fumée. La braise une fois prise, à grand renfort de soufflet, on ajoute du charbon de bois, et on place au-dessus, la casserole qui contient la préparation à faire cuire. Si le feu se ralentit, on souffle ; mais alors, la cendre s’élève du foyer, et vient se répandre sur tout ce qui est sur le fourneau. Il arrive parfois que le charbon se tasse, en brûlant ; alors, le récipient perd l’équilibre, et le contenu se déverse sur le foyer, en produisant des odeurs désagréables. Si vous voulez faire cuire une côtelette, l’odeur est intolérable : il faut, nécessairement, la placer sous la hotte de la grillade, pour éviter les émanations de graisse brûlée.

Bref, les procédés actuels ont des désagréments sans nombre, et demandent beaucoup de soin et de main-d’œuvre, sans compter que l’on perd le charbon qui reste allumé, quand on n’a plus besoin de feu.

Voici maintenant ce qu’il faut pour la cuisine au gaz.

Ici, plus de charbon, ni de pincettes, ni de tuyau à main, pour activer le tirage ; rien de l’attirail ordinaire. Pour allumer le feu, vous ouvrez le robinet du gaz et vous approchez une allumette. Voilà du feu tout de suite, et en quantité suffisante. Vous faut-il plus de flamme ? vous ouvrez davantage le robinet, et tout est dit. Le mets, une fois cuit, il faut éteindre le feu : vous fermez le robinet. Vous faut-il du feu, la nuit, pour préparer un médicament, ou de la tisane ? Le gaz est toujours prêt.

Comprenez-vous maintenant, bon lecteur, tous les avantages pratiques du gaz employé à la cuisine ? Comprenez-vous pourquoi la cuisine au gaz est devenue populaire ?

Quant à ses avantages, au point de vue gastronomique, nous ne saurions mieux faire, pour les mettre en évidence, que de citer quelques pages d’une courte brochure, publiée en 1890, par une dame anglaise Mme Alting-Mees, qui, enthousiaste de ce procédé, s’était fait son apôtre ardent. Mme Alting-Mees faisait, à l’Exposition universelle de 1889, dans le pavillon du Gaz, des conférences qui attiraient beaucoup de curieux, et dans lesquelles, après avoir prononcé l’oraison funèbre de la cuisine au charbon, elle chantait les louanges de la cuisine au gaz. Elle a répété ces mêmes conférences dans les principales villes du nord de la France et en Belgique, et les a résumées dans la brochure dont nous parlons.

« La cuisine au gaz, dit la conférencière