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Nous avons décrit, dans notre Notice des Merveilles de la science, avec les détails suffisants, la manière de creuser les puits pour l’extraction du pétrole, en Amérique. L’appareil de sondage, connu dans le pays sous le nom de derrick, et qui se compose d’une sonde semblable à celle de nos puits artésiens, n’a point varié dans son ensemble.

On opère aujourd’hui de la manière suivante.

L’atelier se compose d’une charpente de bois, au sommet de laquelle est montée une poulie, où passe le câble qui permet de descendre et de remonter la tige de sonde. Des constructions sommaires abritent la machine à vapeur, qui, par l’intermédiaire d’une grande poulie-volant, commande les différents appareils mécaniques, à savoir : le balancier, pour le battage du trépan, le treuil pour le service de la pompe à sable, et le treuil de levage pour la manœuvre de la tige de sonde. Ces trois appareils sont employés, chacun à son tour, suivant l’avancement des travaux.

La tige de sonde américaine se compose d’un trépan, qui creuse le sol, et qui est attaché à une première allonge, consistant en une barre de fer de 8 à 9 mètres de longueur. Viennent ensuite des étriers, ou glissières, puis une allonge semblable à la première, mais moins longue (5 ou 6 mètres). Une fourchette d’attache relie la première tige au câble du treuil de lavage.

Pour les gisements peu profonds, on se contente du trépan, de l’allonge inférieure et d’un anneau d’attache ; la tige de sonde est menée directement par le câble du treuil de levage, d’où le nom de sondage à la corde, donné autrefois à cette opération.

Si l’on descend plus bas que 70 ou 80 mètres, on équipe la tige de sonde complète, et le battage du trépan s’effectue au moyen du balancier, qui porte à une de ses extrémités la tige, soutenue par l’intermédiaire de la vis d’avancement.

Voici comment on procède au forage, avec ces outils.

La tige de sonde montée dans le derrick, est introduite dans le trou où doit être creusé le puits. Elle est accrochée au balancier, qui la soulève et l’abaisse alternativement. Le trépan désagrège et broie la roche, par des chocs répétés, jusqu’à ce qu’il soit descendu de la longueur de la vis d’avancement. On retire alors la tige, au moyen du treuil de levage, et on la remplace par la pompe à sable, pour débarrasser le trou des débris qui s’y sont accumulés.

Ces opérations se reproduisent ensuite dans le même ordre, sauf accident ou remplacement d’un trépan usé.

Au fur et à mesure de l’avancement des travaux, on garnit l’intérieur du puits d’un coffrage en bois, à la partie supérieure, puis d’un tubage simple ou double, en fer, pour faciliter le départ des gaz combustibles qui sont quelquefois recueillis et utilisés pour le chauffage de la machine à vapeur.

Quand on a atteint le niveau de l’huile, on descend dans le puits une pompe, à piston-plongeur, dont la tige est fixée au balancier. L’huile est ainsi refoulée dans le puits et dirigée, par des tuyaux, jusqu’aux réservoirs.

Dans quelques circonstances où le travail paraît trop lent, ou quand le sol est par trop résistant, on a imaginé d’employer les torpilles, pour accélérer la dislocation du terrain. Au fond du puits qu’il s’agit d’agrandir, on fait descendre une cartouche de nitroglycérine, ou de dynamite très riche en nitroglycérine. Quand la cartouche est arrivée au fond du puits, on y laisse tomber une masse de fer, du poids de 10 kilogrammes. Le choc du fer écrase la capsule fulminante dont la cartouche est pourvue, et la nitroglycérine fait explosion.

La torpille est quelquefois chargée de 60 à 80 litres de nitroglycérine, dont l’effet destructeur équivaut à plus de 1 000 kilo-