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flottaison doivent forcément entraver la marche des engins destructeurs, en leur opposant une sorte de cotte de mailles, qui entoure le navire de tous côtés.

Pour les tendre on se sert d’une série de tangons ou simplement de pistolets d’embarcation fixés par une extrémité le long des flancs du bateau au-dessus de la flottaison, de manière à pouvoir tourner sur eux-mêmes, et venir se placer perpendiculairement au-dessus de la quille. Ils sont maintenus dans cette position au moyen de balancines frappées à leur extrémité et faisant retour à bord (fig. 280).

Suspendu au bout de tous ces arcs-boutants, le filet tombe par son propre poids à la mer. Entourant le navire, qui se trouve comme dans un bassin, le filet se rejoint à l’avant et à l’arrière, au moyen de nouveaux arcs-boutants installés de la même façon, mais placés dans le sens de la quille.

Pour le replier, une cargue est installée à l’extrémité de chaque tangon et agit comme pour une voile. Le filet se trouve alors former une sorte de bourrelet allongé suspendu au bout des arcs-boutants. On replie ceux-ci en les faisant tourner tous ensemble dans le même sens ; ils viennent donc s’appliquer le long des flancs du navire, comme une ceinture (fig. 279).

Les filets sont composés de mailles rondes, enfilées les unes dans les autres dans tous les sens, comme les mailles d’une bourse, laissant à peine la place de passer le poing d’un homme.

Le défaut de ce genre de défense est dans le poids relativement considérable du filet et dans la lenteur avec laquelle il se manœuvre. Il exige au moins dix minutes et les bras d’une grande partie de l’équipage pour se mettre en place, alors qu’une torpille peut, en quelques secondes, fondre sur le bâtiment.

Il ne peut guère fonctionner qu’au mouillage, car en marche, cédant sous l’effort de l’eau, il perd toute son efficacité, en absorbant une grande partie de la vitesse du navire.

Son poids est d’environ 60 à 70 tonnes pour un grand cuirassé.

On a, sur quelques navires étrangers, remplacé ce filet par des chaînes reliées au moyen de plaques de tôle mince, qui formaient une ceinture tout autour du bâtiment.


CHAPITRE V

les torpilleurs. — torpilleurs de haute mer. — accidents survenus avec des torpilleurs. — rôle des torpilleurs dans les guerres maritimes.

Après avoir chargé les torpilles avec les nouveaux, explosifs créés par la chimie (les dérivés de la nitro-glycérine, le fulmi-coton, les fulminates, les picrates, la mélinite) et avoir muni ces engins destructeurs d’un mécanisme qui les dirige automatiquement vers le but, on a transformé cette tactique meurtrière. Au lieu de s’en rapporter aux éventualités de la mer, pour lancer les brûlots modernes, on a voulu aller chercher, à coup sûr, le navire ennemi, en mer ou dans les rades.

Pour y parvenir, on a construit un nouveau type de bâtiments, pourvus de qualités nautiques variées, mais toujours d’une excessive vitesse. Ces bâtiments sont les torpilleurs.

On distingue, parmi les torpilleurs, ceux qui s’approchent assez du navire pour les toucher et enfoncer la torpille dans leur coque, ce qui donne un résultat immédiat et certain, et ceux qui ne se rapprochent qu’à 200 ou 300 mètres du navire qui est leur objectif, et qui dirigent alors contre