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Il arrive quelquefois qu’en bourrant et en tirant sur la mèche cette dernière sort de la capsule ou l’ensemble sort de la dynamite et le coup rate.

Le colonel Locher, entrepreneur d’un tunnel du Saint-Gothard, pour parer à cet inconvénient, faisait confectionner des cylindres en papier, dans le fond desquels on plaçait la cartouche-amorce (fig. 119). On achevait de les remplir avec du sable sec, puis on ligaturait le papier rabattu sur la mèche b b. À l’aide de ce dispositif on a évité presque tous les ratés au tunnel de Pfafensprung. Ce procédé est à recommander à tous les ingénieurs.

On procède ensuite à un bourrage aussi résistant et aussi soigné que possible, en commençant par du papier ou par de petites bourres, et en achevant, soit avec de la brique pilée, soit avec du sable renfermé, comme d’habitude, dans du papier.

À la troisième bourre, il faut comprimer solidement, et continuer de même jusqu’à ce que le trou de mine soit rempli.

Dans tout ce travail, il faut toujours se servir du bourroir en bois. Il est expressément recommandé de ne jamais se servir de bourroir en fer, ou en tout autre métal.

L’ouvrier allume alors la mèche avec un bout d’amadou, et se retire.

Si l’on a suivi exactement les indications qui précèdent il ne peut pas se produire de ratés.

Toutefois si un coup de mine vient à rater, le mineur, qui connaît toujours exactement la hauteur du bourrage qu’il a fait, doit débourrer son trou, de manière à laisser 10 à 15 centimètres de bourrage au-dessus de l’explosif. On y replace alors une cartouche de dynamite munie de son amorce, on bourre de nouveau, et l’explosion de cette deuxième charge détermine, par influence, celle de la première. Ce moyen est le seul pratique.

Il est important qu’aucune sorte de dynamite ne soit employée quand elle est gelée.

Fig. 120. — Coupe de l’appareil à eau chaude pour dégeler la dynamite.

L’appareil à dégeler est représenté en coupe dans la figure 120. C’est un seau composé de deux cylindres concentriques en zinc, fermés par un couvercle.

Les cartouches se placent dans le cylindre intérieur et l’on verse de l’eau chaude dans l’espace annulaire.

Quoiqu’il n’y ait aucun danger à faire usage d’eau bouillante, il vaut mieux néanmoins n’employer que de l’eau à + 50° environ, car une eau trop chaude désagrège les cartouches et les fait souvent exsuder.

Quand l’eau se refroidit on la change. On ne doit jamais mettre le seau lui-même sur le feu, dans la crainte que, par suite de négligence ou d’oubli, le métal ne soit chauffé à nu, ce qui pourrait déterminer un accident.

L’enveloppe et le couvercle du seau étant formés d’une simple feuille de métal, on peut envelopper l’appareil d’une couverture de laine, pour éviter l’abaissement de la température, par le rayonnement.

Dans le cas où l’on ne serait pas pourvu d’appareil à dégeler, on peut faire cette opération au moyen d’un seau en zinc, dans lequel on met les cartouches, et qu’on plonge ensuite simplement dans un baquet rempli d’eau chaude.

Pour que la dynamite reste en bon état, on doit avoir soin de la couvrir, afin que la vapeur d’eau n’arrive pas jusqu’à elle.

Il ne faut jamais placer le vase contenant la dynamite sur un poêle, sur une chaudière ou sur le feu.