Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 6.djvu/125

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Fig. 105. — Essais des obus à la mélinite contre les talus de terre et les remparts de granit, faits en 1887, au polygone de Vincennes.

En Italie, les recherches pour l’emploi d’explosifs nouveaux dans les obus ont été poursuivies avec une rare ténacité. Dès 1882, on y connaissait une substance explosive, due aux essais de M. Parone, et composée de chlorate de potasse et de sulfure de carbone. Les obus chargés de cette substance ne faisaient explosion qu’au contact du fulmi-coton contenu dans la fusée.

Voilà donc une première difficulté surmontée : l’obus est transportable. Mais, au premier coup tiré, le canon éclata. Pourquoi ? On ne l’a jamais dit, et nous sommes réduits, sur ce point, à des hypothèses. L’obus avait-il fait explosion, sous l’impulsion du choc initial reçu dans l’âme de la pièce ? Il serait difficile de l’affirmer. Toujours est-il que l’artillerie italienne a renoncé à utiliser la composition Parone.

Deux ans plus tard, plusieurs officiers du ministère de la guerre et de l’artillerie italienne, assistaient à d’importantes expériences, à Palmanora. On se servait de canons de 15 centimètres en acier, du système Krupp, et d’obus-torpilles, contenant une charge de 12 kilogrammes, que l’on tirait contre des voûtes en maçonnerie, d’un mètre d’épaisseur, protégées par une couche en terre de 2 mètres.

Ce qui caractérise ces expériences et les rend tout à fait intéressantes, c’est qu’on y compara les effets des obus-torpilles avec ceux des obus ordinaires. L’obus ordinaire pénétrait jusqu’à 50 centimètres au-dessus de la chape des voûtes, et produisait simplement un entonnoir de 2 mètres de diamètre à l’intérieur des terres ; l’obus chargé de fulmi-coton, pesant 58 kilogrammes et lancé sous un angle de 45 degrés, détruisait la voûte.