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Il n’y a point de sécheur. Cet organe ne semble pas indispensable, en effet, dans un appareil de campagne ; la présence de la vapeur d’eau en quantité minime ne pourrait alourdir beaucoup le gaz.

On voit dans la figure 541 le plan du même appareil. La légende qui l’accompagne fait connaître la destination de chacun de ses organes.


Les aérostiers de l’armée britannique ont fait faire un grand pas à la question de la production de l’hydrogène en campagne, en imaginant, en 1880, de comprimer le gaz hydrogène dans des tubes d’acier, sous une pression considérable. Dans les pays aussi nus que les plaines d’Afrique, où le bois manque, et où l’eau même pourrait faire défaut, pour alimenter les récipients et les cuves de lavage, il était difficile de fabriquer le gaz sur place. Le gaz hydrogène étant fabriqué dans une station fixe, on le comprime dans des réservoirs, ou tubes d’acier, très résistants, et on transporte ces tubes pleins d’hydrogène comprimé, là où il s’agit de remplir un ballon.

Les aérostiers anglais, dans la campagne du Soudan, firent usage de ce procédé, c’est-à-dire du transport du gaz hydrogène dans des tubes d’acier. L’installation fixe était à Souakim ; l’hydrogène était comprimé à 150 atmosphères, dans de petits tubes d’acier ne pesant que 3 kilogrammes chacun, et qui étaient portés par des soldats.

Disons, en passant, que dans la même expédition anglaise du Soudan, on fit usage de ces mêmes tubes, dans lesquels on comprimait de l’oxygène, pour produire la lumière oxhydrique, destinée à éclairer les chantiers du chemin de fer stratégique qui était en construction de Souakim à Berbère, et auquel on ne travaillait que la nuit, pour éviter l’extrême chaleur du jour.


M. G. Yon a employé cette même méthode pour remplir les commandes du gouvernement italien, dont nous parlions plus haut.

Les tubes d’acier livrés par M. G. Yon au gouvernement italien pèsent, chacun, 30 kilogrammes. Ils ont 2m,40 de longueur, 13 centimètres de diamètre, et une épaisseur de 13 millimètres. Le gaz s’y conserve, sans déperdition aucune, à la pression de 135 atmosphères. Il faut de 70 à 75 de ces tubes pour gonfler un ballon cubant 300 mètres. On les entassait sur une voiture, et leur poids total était de 2 000 à 2 250 kilogrammes : c’est là une charge que huit chevaux peuvent traîner facilement. En Abyssinie, quand le terrain ne se prêtait pas à la marche d’un tel véhicule, ces tubes furent portés à dos de chameau, mode de transport qu’ils partageaient avec bien d’autres colis.

Dans l’opération du gonflement du ballon il ne faut ouvrir qu’un tube à la fois. Sans cela, le gaz passant brusquement de 135 atmosphères à une seule, déterminerait, par sa détente, un froid d’une intensité dangereuse ; on ouvre donc tube par tube, pour éviter le danger du refroidissement subit.


Pour transporter en campagne, soit les tubes d’acier, soit le générateur, M. G. Yon construisit une voiture-treuil que représente la figure 542, dans laquelle on voit la corde, A, du ballon captif enroulée sur un axe en forme de bobine, B, que l’on dévide grâce à la manivelle M, et à l’encliquetage E. La corde venant de la bobine passe sur une poulie P, et s’attache, par son extrémité libre, à l’aérostat qui s’élève dans l’air.

Avant d’expédier à Massouah l’appareil pour la préparation du gaz hydrogène, ainsi que les tubes d’acier devant recevoir le gaz comprimé et la voiture-treuil, M. G. Yon en fit l’expérience dans la cour de sa manufacture.

Pour cette expérience, 40 tubes pleins de gaz hydrogène comprimé avaient été apportés, l’un après l’autre, déposés sur le