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ballon, et ils ont réuni un ensemble de conditions qui leur ont fait atteindre le but désiré. Qu’ils aient profité des travaux antérieurs aux leurs, particulièrement de l’expérience de H. Giffard de 1852, sur la forme du ballon, et des dispositions du ballon de Dupuy de Lôme, construit après le siège de Paris, et qui résumait toutes les modifications apportées jusque-là à l’aéronautique, enfin qu’ils se soient fortement inspirés du ballon dirigeable mû par l’électricité de MM. Tissandier frères, construit en 1883, rien n’est plus vrai ; mais c’est là l’histoire de toutes les inventions. Aucune découverte, aucune application nouvelle ne se fait tout d’un coup ; c’est par des progrès successifs qu’on arrive enfin au but longtemps poursuivi sans succès par bien d’autres, et souvent avec des idées toutes semblables.


Pour continuer ce récit, nous dirons qu’une nouvelle expérience du ballon de Chalais fut faite le 12 septembre 1884, mais qu’elle n’eut pas tout le succès qu’on en attendait. Le ministre de la guerre était présent, on avait constaté que la vitesse du vent était de 25 kilomètres à l’heure : celle du ballon fut de 26 kilomètres seulement.

MM. Renard et Krebs s’élevèrent, à 4 heures 40 minutes. Le vent menait le ballon vers Vélizy. À dix minutes de Chalais, on fit jouer l’hélice, et l’aérostat revint vers son point de départ. Ensuite les aéronautes laissèrent le vent les pousser vers Vélizy. Là, ils désignèrent le lieu de la descente. C’était une plaine ; le ballon s’arrêta à un mètre du sol, et les voyageurs mirent pied à terre à 5 heures. Le gaz s’était échappé en grande partie, et des laboureurs ramenèrent le ballon à Chalais.

MM. Renard et Krebs affirment que si un accident ne s’était pas produit, ils seraient revenus, contre le vent, à leur point de départ. Ils donnent pour preuve ce fait que, malgré la rupture de l’une des piles, ils ont pu opérer leur descente dans une carrière dont la superficie totale ne dépasse pas 20 mètres carrés.


MM. Gaston et Albert Tissandier, qui avaient précédé les deux capitaines de Meudon dans l’emploi d’un ballon électrique dirigeable, ne voulurent pas rester sous le coup du succès, universellement proclamé, des aéronautes militaires.

On a vu, dans le chapitre précédent, qu’avant la première expérience des aéronautes de Meudon, c’est-à-dire le 8 octobre 1883, MM. Gaston et Albert Tissandier exécutaient l’expérience fondamentale consistant à naviguer contre le vent, avec un ballon dirigeable, armé d’une hélice, actionnée par une machine dynamo-électrique qu’animait une pile à chromate de potasse Nous avons rapporté cette belle expérience et décrit l’aérostat et le moteur électrique dont firent usage ces deux hommes intrépides et dévoués qui, risquant leur vie dans des expériences dangereuses et dépensant, de leurs deniers, des sommes considérables pour leurs constructions mécaniques, méritaient la reconnaissance de tous.

Après les résultats obtenus au mois d’août 1884 par les deux capitaines de Meudon, MM. Gaston et Albert Tissandier reprirent donc leurs expériences aériennes. Le 26 septembre 1884, ils faisaient, avec leur ballon dirigeable, une ascension, qu’un succès complet couronna.

On voit dans la figure 518 l’installation des piles accumulatrices dans la nacelle de l’aérostat dirigeable, pendant cette ascension.

M. Gaston Tissandier, en son nom et au nom de son frère, a rendu compte, le 29 septembre 1884, à l’Académie des sciences, des particularités de cette expérience.

Nous mettons sous les yeux de nos lecteurs le texte de la communication de MM. Tissandier :