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SUPPLÉMENT AUX AÉROSTATS.

Giffard. Ce recueil donnait, à ce propos, le dessin du nouvel aérostat de Dupuy de Lôme, et comme comparaison éloquente, il rapprochait de ce dessin celui que nous avons fait paraître nous-même, en 1868, dans les Merveilles de la science, et qui représente l’aérostat dirigeable expérimenté par Giffard en 1852. L’auteur de l’article, M. Gaston Tissandier, conclut à l’identité des deux appareils, et refuse à Dupuy de Lôme l’invention d’un aérostat dirigeable.

M. Gaston Tissandier allait trop loin en contestant l’invention de Dupuy de Lôme. Sans doute il n’y a rien d’absolument nouveau dans l’aérostat de notre savant ingénieur de marine, et l’on pourrait, à chaque organe qu’il met en œuvre, citer l’inventeur primitif. Mais Dupuy de Lôme a eu le mérite, d’abord d’assurer, ainsi que nous l’avons dit, la stabilité d’un équipage aérien, fait capital à nos yeux ; ensuite d’associer en un tout harmonieux plusieurs éléments épars, et de les concilier de la manière la plus heureuse. Quelques-uns de ces éléments étaient, en effet, contradictoires dans leurs principes. Ces éléments anciens, Dupuy de Lôme sut les compléter, par des vues personnelles et par les calculs les plus rigoureux que l’on eût encore faits sur la construction et la direction des aérostats.

Il ne faudrait donc pas que des critiques acerbes fussent la récompense des peines et des fatigues que notre grand ingénieur s’était imposées, pour l’accomplissement d’une œuvre dont la France doit remercier hautement sa mémoire.




CHAPITRE V

application du moteur électrique à la construction des ballons dirigeables. — l’aérostat électrique de mm. gaston et albert tissandier.

Après la belle tentative de Dupuy de Lôme, pour la construction d’un aérostat stable et dirigeable, qui n’avait d’autre défaut que le genre de moteur adopté, est venue l’entreprise, très originale, due à MM. Gaston et Albert Tissandier, d’appliquer le moteur électrique à la propulsion des ballons.

C’est à l’Exposition d’électricité de Paris, en 1881, que l’on vit, pour la première fois, le modèle du petit aérostat dirigeable de M. Gaston Tissandier, mû par la force électrique.

La découverte de l’accumulateur électrique par M. Gaston Planté, et les applications qu’avait déjà reçues la pile secondaire, donnèrent l’idée à MM. Gaston et Albert Tissandier d’appliquer à la marche des aérostats les accumulateurs, qui, sous un poids relativement faible, emmagasinent une grande somme d’énergie.

Une pile accumulatrice actionnant une petite machine dynamo-électrique, attelée à l’hélice propulsive d’un aérostat, offre certains avantages. Le moteur électrique fonctionnant sans aucun foyer supprime le danger du voisinage du feu sous une masse d’hydrogène, si l’on emploie une machine à vapeur. Son poids est constant ; car il n’abandonne pas à l’air, comme la chaudière à vapeur, des produits de combustion, qui délestent sans cesse l’aérostat, et tendent à le faire élever dans l’atmosphère. Enfin, il se met en marche ou s’arrête avec une incomparable facilité, par un simple commutateur.

Le mignon aérostat que M. Gaston Tissandier avait construit, pour servir de modèle, et que l’on voyait à l’Exposition d’électricité de 1881, était de forme allongée, et se terminait par deux pointes. Il n’avait que 3m,50 de longueur, sur 1m,30 de diamètre, au milieu. Le volume total de cet engin n’était que 2 200 litres environ. Gonflé d’hydrogène pur, son excédent de force ascensionnelle n’était que de 2 kilogrammes.

M. Trouvé avait construit, pour faire