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Fig. 510. — Descente du Jean-Bart sur la Seine.


Rouen, pour tenter de descendre dans la capitale. Le vent soufflait du nord-ouest, dans la direction de Paris, et les ballons d’essai ayant tracé la route vers la ville assiégée, à une heure de l’après-midi, les deux aéronautes s’élancèrent dans les airs, avec le Jean-Bart, salués par les applaudissements et les voix de toute la population rouennaise. Partis de l’île Lacroix, ils emportaient 350 kilogrammes de lettres, adressées de tous les points de la France à des habitants de Paris.

Mais le vent était faible, et l’équipage aérien avançait peu. Par surcroît de contrariétés, un épais brouillard vint envelopper le ballon, et le noyer dans un océan de vapeurs. Les aéronautes demeurent pendant plus de deux heures, au milieu d’une brume épaisse, qui les empêche de voir où ils vont et quel sort les attend. Ils se décident alors à prendre terre. Ils descendent dans un avant-poste de mobiles français. À un kilomètre plus loin, au delà, étaient les Prussiens.

On reconnaît alors, avec regret, que le vent a changé de direction et qu’il souffle du nord. Des paysans remorquent le ballon jusqu’à un village où il existe une petite usine à gaz, capable de remplir de nouveau les flancs du Jean-Bart.

Le lendemain, le vent des hautes régions paraissant favorable à la direction vers Paris, à quatre heures et demie, nos deux aéronautes se décident à repartir. Ils s’élèvent jusqu’à 3 000 mètres de hauteur, et assistent à l’incomparable spectacle du coucher du soleil, qui illumine de mille couleurs ardentes le massif de nuages fermant l’ho-