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aussi bien constituée. L’Allemagne possède, depuis 1874, des colombiers militaires, à Metz, à Strasbourg, où l’on élève 600 pigeons. À Cologne et à Berlin, on en compte 200. Mayence, Posen, Thorn, Kiel, Wilhelmshafen, Dantzig et Thonning ont des stations d’oiseaux, de 200 chacune. Le crédit affecté aux colombiers militaires allemands est de 50 000 francs environ, chaque année.

Le gouvernement allemand stimule l’industrie privée, pour faire naître dans la population le goût du sport colombophile. Diverses sociétés des villes de l’Allemagne se sont réunies, pour organiser des concours et distribuer des prix. La presse politique et la presse technique s’accordent à prodiguer des encouragements à l’élève des pigeons voyageurs, considérée comme une branche de l’art de la guerre.

Des rapports suivis existent entre le ministère de la guerre et les sociétés colombophiles de l’Allemagne.

On interne pendant quelques mois des pigeons voyageurs dans les places fortes, au lieu de les élever dans les campagnes. À cet effet, des membres des sociétés colombophiles sont attachés, pendant cet intervalle, aux pigeonniers militaires. Le gardien touche 4 marks par jour de présence dans les forteresses, 5 centimes (4 pfennings) sont alloués pour la nourriture de l’oiseau, pendant son séjour dans la forteresse.

C’est à Cologne que l’on a établi la direction générale des colombiers militaires.

L’Allemagne ne s’est pas seulement appliquée à utiliser à son profit les mœurs des pigeons volants. Elle s’est occupée des moyens d’en paralyser l’utilité, à peu près comme M. Prudhomme recevait son sabre d’honneur « pour défendre les institutions de son pays… et, au besoin, pour les combattre. »

Dans cette prévision, les fortes têtes de l’État-major allemand ont essayé de dresser des faucons, pour donner la chasse aux pigeons voyageurs.

Cette précaution paraît d’une efficacité douteuse. Comment, en effet, élever des faucons dans des places fortes ? Comment les conserver en captivité, en temps de paix ? Comment en trouver un nombre suffisant, au moment de la guerre ?

Du reste, le moyen d’annihiler le rôle destructeur du faucon a été trouvé. Il suffirait, comme le font les Chinois, d’attacher à la naissance de la queue du pigeon un sifflet qui, pendant le vol de l’oiseau, fait vibrer l’air, et par son bruit strident effraye le rapace.

D’autres ont dit qu’en plongeant le pigeon, avant de le lâcher, dans une eau à odeur fétide, on éloignerait le faucon ; de telle sorte que, même sans le sifflet, on assurerait la conservation et le respect de l’agile messager. Tel est du moins l’avis du journal La France colombophile.


L’Autriche n’a que deux colombiers, l’un à Comorn, l’autre à Cracovie. On s’occupe de relier par des lignes de pigeons messagers les centres des régions montagneuses servant de frontières, avec les postes qui commandent les crêtes et les défilés de l’intérieur.


La Russie possède d’importants colombiers militaires à Moscou, Saint-Pétersbourg, Kiew, Varsovie, etc. Une ligne régulière va de Saint-Pétersbourg à Krasnoé-Selo. 50 000 francs sont affectés, chaque année, à ce service. On s’occupe de créer de pareils établissements dans les pays nouvellement conquis de l’Asie centrale, où le fonctionnement de la télégraphie électrique est loin d’être toujours assuré.