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pent la nacelle. Ils sont un peu serrés dans leur panier, car le fond est garni d’une grande quantité de sacs de lest, qui prennent beaucoup de place. Le sable qu’ils emportent est destiné à être répandu dans l’espace. Quand les cordes, le guide-rope, et l’ancre, seront descendus ou fixés convenablement autour du cercle, les passagers seront un peu plus à l’aise. Les sacs de la poste, sont très volumineux, puisqu’ils sont remplis d’environ cent mille lettres, pesant quatre grammes chacune. Les pigeons voyageurs sont suspendus dans leur cage, aux bords de la nacelle. Voyageurs, sacs de sable, cordages, ancre, guide-rope, paletots et couvertures des passagers, vivres et approvisionnements, sont entassés pêle-mêle au fond de la nacelle. On croirait que sous le poids de tant d’objets l’aérostat devra rester cloué au sol ; mais quand le « lâchez tout ! » s’est fait entendre, la machine s’élève, et emporte nacelle et bagages, avec la légèreté d’un oiseau.

Fig. 498. — Nacelle d’un ballon-poste.

L’apparition des premiers ballons dans les départements avoisinant Paris excita un enthousiasme universel. Les aéronautes, porteurs de dépêches et de lettres, étaient accueillis avec des larmes de joie, par les familles, qui recevaient, par la voie des airs, des nouvelles de ceux qui leur étaient chers. Quand un ballon touchait terre, les habitants des localités prochaines se précipitaient en foule vers l’aérostat, et des centaines de bras se dressaient pour amortir sa chute.

D’un autre côté, les Allemands voyaient avec colère que le blocus qu’ils avaient si savamment organisé autour de la capitale pouvait être forcé. Ils regardaient non sans inquiétude les hardis messagers qui passaient par-dessus leur tête, et ils essayaient en vain de tirer en l’air quelques coups de fusil, dont les balles retombaient, inertes, dans leur camp, et dont se jouaient les aéronautes (Fig. 499).

On a fait grand bruit d’un prétendu mousquet à ballon, construit par Krüpp, et qui fut promené orgueilleusement, par les Prussiens, dans les rues de Versailles. La vérité est qu’un ballon ne peut jamais être atteint par une balle de fusil quand il flotte à la hauteur de 300 mètres seulement ; car le tir de bas en haut d’un projectile, sollicité verticalement par la pesanteur, a toujours peu d’effet.


Le fonctionnement certain et facile de la poste aérienne avait été démontré par les quatre premiers voyages exécutés dans le premier mois du siège. C’est le 7 octobre